L’inflammation est une réaction normale de l’organisme – et grandement nécessaire — face à une agression. C’est la réponse du système immunitaire lorsqu’il s’affaire à guérir les blessures et à combattre les infections. Les signes extérieurs de l’inflammation aiguë — rougeur, chaleur, enflure et douleur localisées — indiquent que le corps augmente la circulation sanguine, qui transporte davantage de cellules immunitaires inflammatoires vers l’endroit qui doit être guéri.
Parfois, cependant, la réaction inflammatoire s’emballe et ne cesse de produire des composés inflammatoires. L’inflammation chronique cause les lésions enflammées caractéristiques de l’hidradénite suppurée (également appelée hidrosadénite suppurée). Une inflammation continue est également présente dans d’autres maladies chroniques, notamment l’asthme, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie cœliaque et les maladies inflammatoires de l’intestin (p. ex., maladie de Crohn, colite ulcéreuse). La maladie cardiaque, le diabète et peut-être même la maladie d’Alzheimer ont une composante inflammatoire. Même l’obésité peut provoquer le déclenchement de la cascade inflammatoire qui peut entraîner des problèmes de santé.
Un aliment à lui seul ne peut causer l’inflammation, mais l’alimentation dans son ensemble peut y contribuer. La consommation d’une grande quantité d’aliments riches en gras saturés et trans, de grains raffinés et de sucres ajoutés peut favoriser l’inflammation. Il n’est pas surprenant de constater que les aliments pro-inflammatoires (qui favorisent l’inflammation) comme les viandes grasses, les aliments frits et les boissons gazeuses sucrées sont mauvais pour la santé. En outre, nombre d’entre eux contribuent au gain de poids, qui lui-même peut favoriser l’inflammation.
À l’inverse, certains éléments qui composent les aliments, comme les antioxydants, les acides gras oméga-3 et les composés phytochimiques — des composantes végétales naturelles des aliments — ont une activité anti-inflammatoire dans l’organisme. L’un des régimes les plus étudiés, le régime méditerranéen, est considéré comme anti-inflammatoire en raison de l’abondance de fruits, légumes, grains entiers, noix et huile d’olive riches en nutriments et en composés phytochimiques qui le composent.
L’alimentation anti-inflammatoire n’est pas un régime au sens strict du terme. Il s’agit plutôt d’une façon de choisir les aliments, et d’en éviter ou d’en limiter la consommation de certains autres, afin de minimiser les risques d’inflammation dans l’organisme. L’utilisation des stratégies présentées dans l’article 10 conseils judicieux pour une alimentation saine est la première étape de l’adoption d’une alimentation anti-inflammatoire. Les conseils ci-après vous aideront à ajouter à votre alimentation des aliments dont on pense qu’ils ont d’importantes propriétés anti-inflammatoires.
Des recherches portent à croire que ce type de gras insaturé, que l’on trouve en abondance dans l’huile d’olive, les amandes et les avocats, réduit l’inflammation1-6. Les aliments riches en gras monoinsaturés renferment également des antioxydants et des composés phytochimiques qui pourraient jouer un rôle dans la diminution de l’inflammation. L’huile d’olive extra-vierge, par exemple, est une source de polyphénols, un composé phytochimique auquel on s’est beaucoup intéressé en raison de ses effets anti-inflammatoires7. Il faut souligner que les huiles d’olive ordinaire et légère contiennent peu ou pas de polyphénols en raison de la méthode utilisée pour les transformer. Les avocats renferment eux aussi des polyphénols aux propriétés anti-inflammatoires.
Les huiles de cuisson à teneur élevée en gras monoinsaturés comprennent les huiles d’olive, de canola, d’arachides, de tournesol et de sésame. Parmi les autres bonnes sources figurent l’avocat, les amandes, le beurre d’amande, les noix de cajou, les pacanes, les arachides, le beurre d’arachides et les pistaches.
Conseils pour ajouter des gras monoinsaturés à l’alimentation
Les acides gras oméga-3 comprennent le DHA (acide docosahexanoïque) et l’EPA (acide eicosapentaénoïque), contenus dans l’huile de poissons gras, ainsi que l’ALA (acide alpha-linolénique) qui se trouve dans l’huile et les graines de lin, les graines de chia, les graines de chanvre, les noix de Grenoble et l’huile qui en est extraite et l’huile de canola.
Des études ont révélé que l’augmentation de l’apport en acides gras oméga-3 diminue l’inflammation dans l’organisme8-11.
Conseils pour ajouter des acides gras oméga-3 à l’alimentation
Les flavonoïdes sont une grande famille de composés phytochimiques ayant des propriétés anti-inflammatoires12-14. On les trouve dans les fruits, les légumes, les noix, les légumineuses et les lentilles, le cacao, le thé et le vin rouge. On croit qu’ils sont en partie responsables des bienfaits procurés par les régimes alimentaires à base de végétaux. Les aliments et les boissons énumérés ci-dessous sont d’excellentes sources de flavonoïdes anti-inflammatoires.
Fruits | Légumes | Légumineuses/noix | Boissons |
Pommes | Broccoli | Haricots noirs | Thé noir |
Bleuets | Céleri | Pois chiches | Thé vert |
Mûres | Tomates cerises | Haricots communs | Thé oolong |
Canneberges | Ail | Haricots ronds blancs | Thé blanc |
Pamplemousse | Poivrons verts | Haricots Pinto | Tisane |
Citrons | Piments forts | Lentilles | Vin rouge |
Limes | Chou frisé | Soya | |
Oranges, tangerines | Oignons | Tofu | |
Framboises | Persil | Noix mélangées | Autre |
Raisins rouges | Épinards | Noix de Grenoble |
Chocolat noir |
Fraises | Thym | ||
Conseils pour ajouter des flavonoïdes à l’alimentation
De nombreux fruits et légumes tirent leur couleur jaune, orange ou rouge des caroténoïdes, un groupe de composés phytochimiques. Les plus courants dans notre alimentation sont l’α-carotène, le β‑carotène, la β-cryptoxanthine, la lutéine, la zéaxanthine et le lycopène. Il a été démontré que le plus connu des caroténoïdes, le β-carotène qui se trouve dans les carottes et la patate douce, a réduit l’inflammation en éprouvette et lors d’études chez l’animal. C’est également le cas du lycopène, un caroténoïde qui se trouve en abondance dans le jus de tomate15-17.
Les effets anti-inflammatoires des caroténoïdes ont également été observés chez l’être humain. Il a été démontré que la consommation d’aliments riches en caroténoïdes et de jus de tomate abaisse les concentrations sanguines de marqueurs de l’inflammation chez les adultes en bonne santé18-20.
Les fruits et les légumes suivants sont d’excellentes sources de caroténoïdes aux propriétés anti-inflammatoires.
Fruits | Légumes | |
Abricots | Brocoli | Courgette |
Cantaloup | Choux de Bruxelles | Patate douce |
Mangue | Carottes, jus de carottes | Poivrons rouges |
Papaye | Feuilles de chou vert | Tomates en conserve |
Pêches | Feuilles de pissenlit | Jus de tomate |
Oranges | Chou frisé | Sauce tomate |
Nectarines | Feuilles de moutarde | Feuilles de navets |
Pamplemousse rouge/rose | Pois (verts) | Courge d’hiver |
Tangerines | Citrouille | Cocktail de légumes |
Melon d’eau | Épinards |
Conseils pour ajouter des caroténoïdes à l’alimentation
Des études indiquent que les noix ont un rôle protecteur contre l’inflammation. Les personnes qui mangent fréquemment des noix et des graines présentent des taux d’inflammation moindres que les personnes qui en mangent rarement ou pas du tout21-23. Les noix renferment un certain nombre de composés anti-inflammatoires dont le magnésium, les acides gras oméga-3 (dans les noix de Grenoble seulement), un acide aminé appelé arginine et des fibres alimentaires.
Bien que tous les types de noix soient bons pour la santé, ils ont une teneur élevée en calories, et il est facile d’en manger en quantité excessive. Afin de prévenir le gain de poids, substituez les aliments à base de féculents raffinés (blancs), comme le pain, les craquelins et le riz, par une quantité de noix qui fournit le même nombre de calories. Une portion de noix équivaut à 28 grammes (1 once).
Par portion de 28 grammes (1 once) |
|||
Combien? | Calories | ||
Amandes | 24 | 160 | |
Noix du Brésil | 6 à 8 | 190 | |
Noix de cajou | 18 | 160 | |
Noisettes | 20 | 180 | |
Noix macadamia | 10 à 12 | 200 | |
Arachides | 28 | 170 | |
Pacanes | 20 demies | 200 | |
Noix de pin | 157 | 190 | |
Pistaches | 49 | 160 | |
Noix de Grenoble | 14 demies | 190 |
Lorsque vous achetez des noix, lisez bien l’étiquette. Privilégiez les noix crues ou grillées à sec et non salées.
Conseils pour ajouter des noix à l’alimentation
Après leur transformation par l’organisme, les aliments riches en glucides que vous consommez – un bagel, une barre granola, des pâtes, une pomme, du yogourt ou un bonbon – se retrouvent dans la circulation sanguine sous forme de glucose, source principale d’énergie du corps humain. Cependant, tous les glucides ne font pas augmenter la glycémie de la même façon. Certains glucides sont rapidement digérés et absorbés dans le sang, alors que d’autres le sont plus lentement. La vitesse à laquelle le glucose entre dans la circulation sanguine peut stimuler l’inflammation.
On utilise l’indice glycémique pour indiquer dans quelle mesure un aliment fait augmenter le taux de glycémie. Les aliments dont l’indice glycémique est élevé (p. ex., le pain blanc, le riz blanc, les biscuits soda, les céréales à déjeuner raffinées, le gruau instantané, les pommes de terre Russet au four, la purée de pommes de terre, les raisins secs, le melon d’eau, le sucre de table, les boissons sucrées) sont digérés rapidement et provoquent des fluctuations rapides de la glycémie.
En réponse à une hausse importante et rapide de la glycémie, le pancréas libère une grande quantité d’insuline, une hormone qui retire le glucose de la circulation sanguine. Il a été montré qu’une alimentation qui repose sur des aliments dont l’indice glycémique est élevé et qui entraîne une glycémie et des concentrations sanguines d’insuline élevées cause l’inflammation et peut l’aggraver24-25.
Les aliments à faible indice glycémique (p. ex., le pain fait à partir de grains moulus sur pierre à 100 %, l’avoine épointée, les céréales de son à 100 %, le riz brun, le quinoa, les pâtes alimentaires blanches et de blé entier, les patates douces, les pommes, les bananes, les petits fruits, les oranges, les légumineuses, le yogourt et le lait) sont digérés et absorbés lentement et entraînent une augmentation graduelle de la glycémie et de l’insulinémie. Il a été démontré qu’une alimentation à base d’aliments à faible indice glycémique et faible en calories réduit l’inflammation chez les personnes qui présentent un surpoids26.
Conseils pour réduire la charge glycémique de votre alimentation
Un certain nombre d’études ont permis d’établir un lien entre une alimentation riche en fibres et un moindre taux d’inflammation dans l’organisme27-30. Les aliments à teneur élevée en fibres pourraient contrecarrer l’inflammation de plusieurs façons différentes. Dans l’intestin, les fibres peuvent absorber et éliminer les composés inflammatoires. Les aliments riches en fibres contiennent des composés phytochimiques, comme les flavonoïdes, qui diminuent l’inflammation.
Une alimentation riche en fibres aide également à maintenir un sain équilibre entre les microbes présents dans l’intestin. Un déséquilibre de la microflore intestinale – l’ensemble des microbes vivant dans l’intestin – pourrait favoriser l’inflammation.
Les grains entiers, les fruits, les légumes, les légumineuses et les noix renferment deux types de fibres : les fibres solubles et insolubles. Les pois secs, les haricots, les lentilles, l’avoine, l’orge, les enveloppes de psyllium, les pommes et les agrumes sont de bonnes sources de fibres solubles. Ces dernières aident à abaisser le cholestérol et préviennent les hausses importantes de la glycémie. Le son de blé, les grains entiers, les noix et les légumes contiennent surtout des fibres insolubles, soit le type de fibres particulièrement efficace pour favoriser la régularité.
Les femmes de 19 à 50 ans ont besoin de 25 grammes de fibres chaque jour, alors que les hommes en ont besoin de 38 grammes. Au fil du vieillissement et à mesure que les besoins en calories diminuent, les besoins en fibres diminuent aussi. Après l’âge de 50 ans, les femmes devraient consommer 21 grammes de fibres et les hommes, 30 grammes.
Conseils pour augmenter votre apport en fibres
Les bienfaits de l’assaisonnement des plats à l’aide d’herbes et d’épices au lieu du sel vont bien au-delà de la réduction de l’apport en sodium. Il a été démontré que certaines herbes et épices réduisent l’inflammation présente dans l’organisme, car elles contiennent des polyphénols, des composés phytochimiques ayant des propriétés anti-inflammatoires.
Parmi les herbes ayant des effets anti-inflammatoires, notons le basilic, le romarin, le poivre de cayenne, le gingembre et le curcuma. Les ingrédients actifs que renferment les herbes et les épices se dégradent au fil du temps. Assurez-vous donc de conserver herbes et épices dans des contenants hermétiques, à l’abri de la chaleur et des rayons directs du soleil.
Conseils pour assaisonner vos plats au moyen d’herbes et d’épices anti-inflammatoires
Parmi ses multiples propriétés, la vitamine D a des effets anti-inflammatoires dans l’organisme. Des recherches chez l’animal ont montré qu’une carence en vitamine D est associée à une plus forte inflammation31-33. Chez l’être humain, elle est liée à un certain nombre de maladies inflammatoires, y compris la polyarthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires de l’intestin et le diabète de type 1. On croit qu’une carence en vitamine D peut même faire augmenter les taux de marqueurs de l’inflammation chez les personnes en bonne santé.
Une des principales sources de vitamine D est la lumière du soleil; la peau en produit lorsqu’elle est exposée au rayonnement ultraviolet B. Très peu d’aliments contiennent naturellement de la vitamine D. Le saumon et le thon figurent parmi les meilleures sources. Les œufs et le fromage en procurent une faible quantité. Mis à part les produits laitiers et les boissons non laitières qui en sont enrichis, certaines marques de jus d’orange, de yogourt et de céréales à déjeuner peuvent contenir de la vitamine D ajoutée.
L’apport en vitamine D actuellement recommandé chez les Nord-Américains se situe entre 600 et 2 000 UI par jour. Durant l’automne et l’hiver, lorsque le soleil n’est pas assez puissant pour faire en sorte que la peau produise de la vitamine D, on recommande aux gens qui habitent à des latitudes nordiques de prendre un supplément de 1 000 à 2 000 UI de vitamine D par jour.
La prise d’une trop grande quantité de vitamine D n’apporte pas davantage de bienfaits. Les limites quotidiennes supérieures jugées sécuritaires sont de 2 500 UI (chez les enfants de 1 à 3 ans), de 3 000 UI (chez les enfants de 4 à 8 ans) et de 4 000 UI (chez les personnes de 9 ans et plus). Un apport excessif en vitamine D peut causer des nausées, des vomissements, un faible appétit, de la faiblesse, des troubles du rythme cardiaque et des lésions aux reins.
Il est bien établi qu’un excès de graisses, en particulier au niveau abdominal, contribue à l’inflammation. Un tour de taille élevé témoigne de la présence de graisses viscérales, des graisses abdominales profondes qui s’accumulent autour des organes et qui libèrent des composés chimiques immunitaires inflammatoires.
Si vous présentez un surpoids, la meilleure façon de perdre du poids est d’avoir une alimentation saine et de faire de l’exercice. Vous trouverez des conseils détaillés dans notre Centre de maîtrise du poids.
Si vous avez de la difficulté à maîtriser votre poids, consultez une diététiste qui peut élaborer un plan d’alimentation qui correspond à votre mode de vie, à vos préférences alimentaires et à votre état de santé.